Sélection et homologation des fournisseurs, un nouveau challenge !
Pour les entreprises, de grandes tendances se dessinent actuellement pour des ‘Achats responsables’, à la lumière de l’évolution de nos sociétés, de la réglementation et des normes.
En effet, pour la fonction « Achat », sélectionner les bons fournisseurs devient un véritable casse-tête. De plus en plus de contraintes émergent, en plus de la traditionnelle optimisation des coûts :
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Offrir un prix juste et équitable (Fairtrade)
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Tenir compte du véritable coût d’obtention des produits (TCO en anglais, pour Total Cost of Ownership), incluant les coûts relatifs à la qualité, au délai et autres coûts cachés
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Optimiser le nombre de fournisseurs
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Minimiser les risques fournisseurs (source unique, dépendance technologique…)
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‘Ne pas trop optimiser’ la Supply Chain, la rendre résiliente pour assurer la continuité de l’approvisionnement (localisation adéquate des fournisseurs, dual-sourcing…)
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Impliquer les fournisseurs dans les démarches Environnementales, Santé & Sécurité au Travail, Droit de l’Homme…

L’initiative populaire pour des « Multinationales Responsables » du 29 novembre 2020 en Suisse , de même que son contre-projet, illustrent la nécessité d’aller au-delà de l’obtention du bon produit.
« Une tendance mondiale se dessine, qui veut que non seulement le produit soit parfait, mais aussi que la manière de le créer soit prouvée », a déclaré Hugo van Buel, directeur de Cla-Val Europe (entreprise dans le secteur des vannes, située dans le canton de Vaud), dans La Matinale RTS du 20 octobre 2020. « Tout ce qui touche aux certifications prend aujourd’hui une dimension énorme », a-t-il souligné.
Dès lors, comment aider la fonction « Achat » à jouer son nouveau rôle ?
Il est évident qu’il faut continuer de renforcer le 7ème principe de management développé dans la norme ISO9000 :2015 (chap.2.3) afin d’impliquer les fournisseurs dans ces nouvelles démarches.
Le management des relations avec les parties intéressées, en construisant notamment des relations mutuellement bénéfiques avec les fournisseurs, augmente les capacités des organismes à créer de la valeur et à intégrer ces nouvelles contraintes en amont.
Il permet :
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Une relation « win-win » avec les prestataires
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Une plus grande rapidité et une meilleure réponse à l’évolution des marchés ou des attentes du client et de la société.
Pourtant, une récente étude de l’EFQM (European Foundation for Quality Management), menée auprès de 200 entreprises, montre qu’elles ont encore du mal à segmenter leurs fournisseurs qui sont en ligne avec leur objectif, leur vision et leur stratégie :

Source : étude EFQM auprès de 200 entreprises
Les Achats ont l’habitude de segmenter leurs fournisseurs en fonction du volume d’Achat. En moyenne, moins de 40 fournisseurs constituent 50% des dépenses. C’est une première piste. Mais il faut aller plus loin :
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Intégrer les nouveaux critères abordés plus haut dans sa charte et ses principes « Achat », dans les questionnaires d’information, de sélection, d’audit, d’homologation et d’évaluation continue de ses fournisseurs
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Créer de nouvelles méthodes de segmentation (en fonction des risques, de l’alignement stratégique…)
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Utiliser la loi de Pareto des 80-20 pour doser ses efforts, se focaliser et impliquer les fournisseurs qui ont le plus d’impact sur les différents sujets précités.
Mais avant d’aller challenger ses fournisseurs, veillez à être exemplaire et à ce que ces principes soient bien intégrés en interne. En effet, et pour ne citer qu’un exemple, le fait d’impliquer ses fournisseurs dans la limitation des Gaz à Effet de Serre (voit GHG Protocol) peut être complètement par une taille de lot non optimale ou un approvisionnement trop fréquent.

Finalement, comme on le voit, l’équation est complexe et on ne peut pas prétendre la résoudre en un tour de main. Certaines grandes compagnies ont une longueur d’avance et ont entamé très tôt une démarche vis-à-vis de l’environnement et du développement durable. J’y ai moi-même été sensibilisé très tôt en travaillant pour STMicroelectronics (voir leur Sustainability Report 2020). Mais pour d’autres entreprises, il s’agit d’abord t’entamer le premier pas, d’y aller par étape, en toute humilité, en fixant un cap, des priorités et surtout en adoptant une approche structurée.
Zouhair Aich – Directeur Adjoint ARIAQ
Diplômé d’un Master en Microélectronique, expert en Qualité, Zouhair AICH bénéficie de plus de 25 années d’expérience professionnelle en tant que Manager et Dirigeant auprès de grands groupes internationaux tels que STMicroelectronics, DELL Computers, IMI, SICPA et BOBST. M. Aich apporte son expertise dans le Management Stratégique, la Gestion des Risques, l’Assurance Qualité Fournisseur, l’Amélioration Continue et l’Excellence Opérationnelle.